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NANTERRE : TOUJOURS EN ROUTE VERS LA LIBERTÉ

L’université de Nanterre est bien connue pour sa mobilisation étudiante. Mais si aujourd’hui le monde étudiant français s’apparente libre et prospère, si Bernard Cohn-Bendit a reçu en décembre dernier l’éloge officiel de l’université, aux côtés d’Angela Davis, gratifié du titre symbolique de docteur honoris causa pour sa supposée influence sur la société, il est certain que les étudiants et étudiantes souffrent toujours, ici comme ailleurs, sinon d’un conservatisme liberticide, d’une grande précarité nuisible à leur réussite.

Près de 100 personnes sont venues débattre avec Bernard Thibault, représentant de la France à l’Organisation internationale du travail.

« Le néolibéralisme se confronte à la démocratie »

C’est justement sur le thème de la liberté que les étudiants communistes ont construit, cette année, leur habituelle Semaine de la pensée marxiste, qui s’organise sur une cinquantaine de campus avec des conférences, des projections, des débats pour étudier notre société dans une optique de progrès social. À Nanterre, l’Union des étudiants communistes (UEC) a invité, jeudi 5 mars, Bernard Thibault, ancien secrétaire de la CGT et membre de l’Organisation internationale du travail, pour un forum débat intitulé « Libérer le travail », qui a rassemblé une centaine de jeunes. Le lendemain, le secteur de Nanterre de l’UEC proposait d’aborder le thème du néolibéralisme, avec Christian Laval, chercheur et professeur de sociologie.

« Le néolibéralisme est devenu un système institutionnalisé, de plus en plus rigide, qui se confronte à la démocratie. » affirme Christian Laval, qui explique que la radicalisation de ce système, qui vise à imposer partout le modèle de l’entreprise, est liée à son introduction dans des principes suprêmes et intouchables de la politique, qui se placent au-dessus de ceux des États. La « compétitivité » devient un principe quasi-constitutionnel. « La voie réformiste des Trente Glorieuses est-elle encore viable ? » s’interroge le chercheur, pour qui les compromis entre peuple et classe dominante ne semblent plus avoir leur place dans un système qui devient fondamentalement anti-démocratique, où se développe une surdité face aux mobilisations sociales, ce qui rend nécessaire de changer la société plus radicalement.


« La fac tombe en ruine ! »

Conséquence directe du néolibéralisme, la casse des droits sociaux et des services publics touche d’abord les plus précaires : la jeunesse et le monde étudiant. Les politiques d’austérité de la Troïka assèchent notamment les budgets pour l’enseignement supérieur. « En droit, les amphis sont surchargés; » fait remarquer Tristan, maintenant en première année de sciences politiques, qui souligne le mauvais équipement de son lieu d’étude. « La fac tombe en ruine, tout simplement ! » s’exclame Cédric, étudiant en informatique. Tristan et Cédric sont dans des universités publiques différentes, Paris X et Paris V, mais sont bien conscients que le problème est le même partout. Pourtant, même sans s’aventurer dans le privé, il y a des écoles plus privilégiées.


« La différence de moyens par rapport à la fac m’a frappé » confie Julien, auparavant à Polytechnique à Orléans, qui fait remarquer une dualité de privilège et de délaissement au sein de l’enseignement public. Julien dénonce aussi les valeurs que portent les grandes écoles. « On veut inculquer l’idée libérale, du profit, chez les futurs cadres, répercuter le mécanisme libéral pour que l’État soit au mieux conforme avec le système économique et politique qui lui est quasiment imposé. » Mais, à la faculté, l’accomplissement d'un projet d’études est, pour beaucoup, quelque chose qui ne se fera jamais jusqu’au bout.


Travailler pour 3,30 € de l’heure

« Le problème est d’être contraint à travailler à côté de ses études », ce qui est le cas pour la grande majorité des étudiants et étudiantes, rappelle Bernard Thibault, alors que nous pourrions bénéficier d’un salaire étudiant, qui nous assurerait une vie décente et favoriserait notre réussite. Assis à côté de lui, Matthieu Bauhain, secrétaire national de l’UEC, fait la lumière sur le statut de « stage étudiant », qui permettent au patronat de payer les jeunes non plus au Smic, mais 3,30 € de l’heure, pour le même travail. Les logements étudiants, eux, sont presque tous privatisés, l’État se contentant de les cataloguer, et sont bien loin d’être assurés à chaque personne : ils se font chers et rares. Et quand ils sont trop loin du lieu d’étude, c’est les transports publics qu’il faut payer.


Si aujourd’hui les étudiants et les étudiantes ne sont plus les privilégiés contraints à porter des blazers et des jupes pour aller écouter des professeurs magistraux et dogmatiques, il semble bien que l’idée d’une jeunesse émancipée ne peut être véritablement admise. Il y a encore bien du chemin à faire, mais les étudiants marchent toujours dans la détermination et la bonne humeur.

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