L’État islamique a, ce vendredi 13 novembre, organisé, conduit, provoqué un attentat à Paris. Les victimes sont nombreuses, 129. Des familles pleurent, beaucoup ont perdu quelqu'un, tous ont perdu un proche. Oui nous sommes en guerre. Oui la situation est grave. Oui nous souffrons, comme souffrent les Syriens, les Kurdes, les Irakiens et l'ensemble des peuples, familles, victimes de ce conflit. Ce serait inconscient de le nier.
Dans cette guerre, il n'y a pas de Dieu, il n'y a pas de religion. Il n'y a que des hommes, des hommes nourris de haine et d'ignorance. Sous couvert d'une idéologie qui n'en est pas une, des femmes, des enfants, des hommes, sont exécutés, brûlés ou lynchés. Leurs corps sont traînés, mutilés, déshumanisés, puis finalement abandonnés dans de précaires fosses communes, abandonnés de tous.
Voici notre ennemi, voici pourquoi aujourd'hui il faut faire la guerre. Il ne s'agit pas de faire la guerre au nom d’intérêts primaires purement politique et impérialiste. Ne prétendons pas détenir la vérité. Car nous ne l'avons pas. N'ayons pas l'illusion manichéenne d'un monde juste contre les ténèbres. Car bien des fois, nous avons prouvés que nous pouvions incarner l'horreur.
Néanmoins, ayons la prétentions de la justice. Ayons la prétentions que nous combattons pour des valeurs, pour la dignité de l'humanité. Ayons la prétention de combattre l'obscurantisme. Mais pour aller jusqu'au bout de cette volonté, nous devons armer ce combat d'un projet, d'un projet de paix, de raison, un projet de valeur. Cette guerre, même s'il l'a été déjà dit plus d'une fois, doit être la Der des Ders. Elle doit, voir triompher les droits de l'homme, la démocratie, la liberté et la paix.
Aussi ne menons pas cette guerre pour rétablir la situation d'avant, cette même situation qui nous a conduit à la guerre. Ne rétablissons pas les inégalités qui ont divisés les hommes, ne rétablissons pas les autocrates qui oppriment leurs peuples, ne cautionnons plus l'inadmissible. Ne faisons pas de cette guerre, une occasion pour Bachar El Assad de rétablir sont pouvoir sur l'ensemble du territoire syrien sur lequel il exerce violences et une barbarie sans précédent. Ne cherchons pas d'alliés auprès de Vladimir Poutine, qui prône une idéologie expansionniste voir même raciale, qui déporte mais aussi exécute ses opposants politiques, qui applique une politique strictement homophobe.
La France par la force des choses est un acteur majeur de ce conflit. Elle incarne un espoir immense auprès de nos alliés kurdes et autres combattants. Il serait honteux, lâche de refuser ce rôle, ce serait injuste et irrespectueux auprès de toutes les victimes de la barbarie et de l'obscurantisme. Rompons avec cette immobilisme réactionnaire et impérialiste qui nous caractérise tant. Les Français doivent être aux côtés de ses vrais alliés, pour mettre un terme à l'inimaginable, à l'inacceptable, à l’aliénation même du genre humain. Posons nous en rempart à la cruauté de l'État islamique.
Mais n'ayons pas l'illusion de la supériorité de notre société. Cette guerre aux causes multiples trouvent certainement ses origines chez nous. Acceptons de remettre en question notre système qui, il est vrai, se définit par ses inégalités, ses injustices, qui ont pu poussées à la radicalisation d'enfants de la République, ces derniers réalisant l'impardonnable ce vendredi 13 novembre. Demandons des réponses à nos dirigeants. Exigeons une reconsidération de notre démocratie, une reconstruction de celle-ci devenue anachronique. Réclamons la République du XXIème siècle, une république qui s'inscrira totalement dans notre temps, une république cosmopolite, qui transgressera toutes les inégalités structurelles, qui proclamera la paix et la justice. N'ayons pas peur des mots, car les enjeux sont immenses. Le monde de l'après doit être celui de la dignité humaine.
Cette guerre doit nous apporter un nouveau modèle. Libérons tous les peuples opprimés qui sont encore aujourd'hui privés d'État. Abattons les frontières coloniales. Accordons aux kurdes, aux palestiniens et à bien d'autres encore leur liberté. Construisons un nouveau système, une démocratie participative ou l'action politique sera à l'initiative des citoyens. Faisons de notre nouvelle démocratie, la démocratie du XXIeme siècle, une démocratie laïque où aucun citoyen par son appartenance religieuse ou ethnique ne soit relégué à une rôle de seconde zone, une démocratie égalitaire où la pauvreté serait un crime et les richesse redistribués, une démocratie où les différences seraient acceptées et les discriminations punies.
Ce combat, ce projet est celui de tous. Il appartient aux citoyens de faire triompher au terme de cette guerre les lumières, la tolérances et la justice. Construisons ce monde meilleur, si longtemps promit. Faisons de l’Utopie une réalité, et de la France le vecteur du changement majeur que connaîtra le monde à l'aube de ce nouveau siècle. Cette guerre est bien celle de l'émancipation humaine, et elle devra être mené par la culture, le savoir pour imaginer l'après dans le respect et la grandeur de la dignité humaine.
